BUSINESS

Transmettre son entreprise est une étape importante dans la vie d’un artisan. Choisir le bon moment, trouver son repreneur… Pour bien transmettre, il faut avant tout anticiper ! Découvrez les étapes indispensables à cette démarche et comment s’entourer de spécialistes compétents pour céder son entreprise sereinement.

Étape 1 : prendre conseil

Chaque entreprise est unique. Avant de vous lancer, demandez conseil à des organismes qui sauront vous orienter. N’essayez pas de reproduire le même schéma que celui adopté par des collègues. Chaque entreprise est différente tout comme chaque situation familiale. Prenez tout d’abord conseil auprès de la Capeb et de la chambre des métiers et de l’artisanat. C’est gratuit. Évaluez ensuite l’entreprise avec votre comptable et rassembler les infos sur les différents montages possibles avec votre avocat. Pour chaque projet, prendre en compte les incidences sur votre fiscalité, sur la masse salariale et sur le patrimoine familial avec un notaire.

 

Étape 2 : Choisir le type de transmission

Vous pouvez choisir de donner aux ayants droit, à un tiers ou aux salariés sous forme de donation ou donation partage. La cession est dans ce cas gratuite. Attention : L’entreprise peut être attribuée à l’un des enfants, mais à charge pour lui d’indemniser ses frères et soeurs pour éviter toute lésion.

La deuxième solution est de vendre à titre onéreux soit par vente du fond de commerce, soit par cession de titres de société (comprenant l’actif et le passif, c’est-à-dire : fonds de commerce, créances et également la reprise des prêts en cours, des dettes sociales, fiscales, contrats...). Le droit au bail (celui-ci étant un élément du fond de commerce appartenant au locataire sortant) peut aussi être cédé s’il y en a un.

Enfin, vous pouvez organiser une location gérance. Il ne s’agit pas vraiment d’un mode de transmission mais d’une solution, généralement provisoire, pour préparer la cession de l’entreprise. Le contrat prévoit que le locataire-gérant a le droit de l’exploiter à ses risques et périls, en toute indépendance, pour une durée déterminée et moyennant le paiement d’une redevance.

 

Comment transmettre son entreprise ?

 

Transmission familiale : le témoignage de Jonathan

Verbrugghe, plombier-chauffagiste

Trois générations se sont succédées dans cette entreprise de plomberie-chauffage d’une vingtaine de salariés située à Croix dans le Nord. Quatre frères pour la génération actuelle. Deux règles de conduites pour mener à bien une transmission sans heurt : prévoir et surtout ne rien cacher. Jonathan Verbrugghe, 32 ans, seul repreneur de SAS Verbrugghe depuis août 2018 nous raconte tout…

 

Est-ce une tradition chez vous de reprendre l’entreprise de père en fils ?

Oui et pourtant, si cela a été très simple pour la passation de mon grand-père à mon père puisqu’ils exerçaient seuls et en nom propre, la succession entre mon père et moi n’a pas été une évidence. Tout d’abord parce que nous sommes quatre frères, ensuite parce que l’entreprise a grossi pour compter 20 salariés et enfin, parce que rien ne m’y prédestinait !

 

Vous n’aviez aucune volonté de reprendre ?

Aucun de mes trois frères ne le voulait. Et au début, moi non plus. J’étais commercial depuis 12 ans dans l’entreprise, sans vraiment penser à prendre les rênes à mon tour. Puis, mon père m’a proposé de prendre sa succession plutôt que de vendre à un tiers. Alors effectivement, puisque j’avais contribué au développement de l’entreprise, pourquoi ne pas reprendre ? Je me suis dit que c’était un beau challenge. Cela représentait aussi des valeurs auxquelles j’étais attaché.

 

"Je me suis dit que reprendre l’entreprise de mon père était un beau challenge." 

 

Quelles sont les premières démarches que vous avez effectuées ?

Tout d’abord me former pour savoir diriger et gérer une entreprise. J’ai d’abord suivi la formation qualifiante REAB (Responsable d’entreprise artisanale du bâtiment) proposée par la Capeb qui correspond à un BAC + 2. Puis j’ai fait un MBA cycle supérieur de management à l’Edhec de Croix qui correspond à un BAC + 5.

 

Quel choix avez-vous fait pour la reprise de l’entreprise ?

Nous sommes allés prendre conseil auprès d’une avocate. C’est d’ailleurs elle qui m’a conseillé de suivre des formations. Je souhaitais être le seul responsable. Il ne s’agissait donc pas de faire une distribution de parts entre les membres de la famille. Une solution s’est alors imposée : le rachat contractuel de 100 % de l’entreprise, comme si j’étais un tiers.

 

Concrètement, comment ça s’est passé ?

Il s’agissait surtout d’être transparent sur la valeur de l’entreprise afin de pouvoir l’acheter à son juste prix, sans qu’il y ait lésion pour mon père ou détournement d’héritage vis-à-vis de mes frères. Le prix a été estimé au réel, avec l’aide de deux avocats, d’un notaire et d’un comptable. Le montant a permis de demander un financement total auprès des banques.

 

Vous avez des regrets ?

Absolument pas, même s’il n’est pas toujours facile de parler d’argent au sein de sa propre famille. D’où l’importance d’une totale transparence. Il n’y a qu’un an que je suis à la tête de l’entreprise mais j’y travaille depuis de nombreuses années. La passation s’est donc faite en souplesse pour les salariés, mais aussi avec mon père puisqu’il continue d’y travailler dans le cadre d’un contrat de travail à durée déterminée de deux ans.