Tout savoir de l’installation des conduits de fumée pour les appareils de chauffage au bois !
La pose d’un appareil de chauffage au bois implique des conduits de fumées adaptés. Découvrez les règles de l’art (DTU 24.1) pour réaliser une installation performante et sécurisée.
Les chaudières et poêles à bois permettent de répondre à vos clients qui sont à la recherche d’une énergie renouvelable et bon marché. Ce type de chantier implique la mise en œuvre de conduits de fumées adaptés pour garantir la sécurité de l’installation. Le DTU Fumisterie (24-1) et la norme EN 13 384-1 fournissent les règles de l’art à suivre pour éviter tous risques liés aux conduits de fumées. Ces règles sont nombreuses, elles concernent la garde au feu, le diagnostic des conduits, ou encore le dimensionnement des conduits. Vous trouverez ci-dessous les points à ne pas manquer lors de la conception et du dimensionnement des conduits de fumées sur vos chantiers.
Règles de l’art et caractéristiques des conduits de fumées
Conception du conduit de fumées
Les règles de l’art à respecter, issues du DTU 24.1, sont différentes entre le conduit de fumées et le conduit de raccordement. Il est donc important de faire la distinction entre le conduit de fumées et le conduit de raccordement. Les documentations techniques des fabricants respectent aussi cette distinction dans leurs catalogues et leurs fiches techniques.
Caractéristiques techniques des conduits de fumées
Les caractéristiques techniques des conduits de fumées peuvent être retrouvées dans les PV d’essais ou les fiches techniques des fabricants.
La présence d’une plaque signalétique sur le conduit de fumée est obligatoire.
Sur ces plaques un code d’identification (entouré en rouge sur cet exemple) vous permet de retrouver les informations techniques du conduit.
Le schéma ci-dessous vous donne les clés de lecture de ce code d’identification :
A partir de ce code d’identification ou de la documentation du fabricant vous pouvez ainsi vérifier que le conduit que vous souhaitez utiliser respecte bien les caractéristiques techniques minimales (classes) pour des installations d’appareils à granulés ou à bûches :
Les tubages flexibles en inox 316L et les conduits métalliques rigides en inox 316L possèdent ces caractéristiques minimales. La classe de température à atteindre peut varier en fonction de l’équipement raccordé. Les valeurs minimales indiquées dans les fiches techniques des fabricants (chaudières ou poêles) doivent être vérifiées.
Distances de sécurité (aux matériaux combustibles)
Une grande précaution doit être prise pour la garde au feu du conduit (même pour un conduit existant). Les distances de sécurité avec les matériaux combustibles doivent être vérifiées et respectées. Elles dépendent du type de conduit (de son niveau d’isolation).
- Pour des conduits métalliques elle est comprise entre 8cm et 5cm en fonction de l’isolation du conduit.
- Pour des conduits en brique pleines elle est de 5cm (brique de 11cm) ou 2cm (brique de 22cm).
- Pour les conduits en terre cuite ou béton (boisseau) la distance est de 10cm pour des conduits non isolés à 2 cm pour des conduits fortement isolés
Attention, vous devez assurer la continuité de l’isolation de la toiture avec des matériaux incombustible. On utilise en général de la laine de roche (la laine de verre n’est pas incombustible).
Des solutions spécifiques ont été développées par les fabricants pour réaliser une parfaite continuité de l’étanchéité à l’air et de l’isolation des bâtiments tout en conservant la distance de sécurité. Ce type de système utilise une coquille isolante incombustible et une collerette souple pour l’étanchéité à l’air.
Emplacement du conduit et zone réglementaire du débouché
Pour choisir votre solution de fumisterie et réaliser son dimensionnement il est vous faut déterminer dans quelle « zone » se situe le débouché du conduit.
- Zone 1 : conduit dont la position du débouché est « traditionnelle » (voir schéma),
- Zone 2 : terminal en toiture « non traditionnel »,
- Zone 3 : terminal en façade.
Si le débouché du conduit est « traditionnel », c’est-à-dire situé en « zone 1 » alors le tirage naturel est important et les règles de l’art du DTU 24.1 « fumisterie » s’appliquent.
Si le débouché du conduit n’est pas « traditionnel » c’est dire qu’il est situé en « zone 2 » ou « zone 3 » alors il sera nécessaire de choisir un système d’évacuation des fumées sous avis technique ou DTA et respecter les préconisations du fabricant.
Tracé du conduit
La réalisation du tracé du conduit est une étape indispensable pour préparer votre chantier et réaliser ensuite le dimensionnement des conduits. En rénovation vous devrez vous adapter à l’existant tout en limitant les dévoiements (2 coudes à 45° avec une distance entre ces deux coudes de 5 m maximum). Si vous réutilisez un ancien conduit (tubage) vous devrez réaliser un diagnostic pour confirmer votre tracé (voir partie diagnostic). Dans tous les cas, le diamètre du conduit doit rester constant et sa pente doit-être supérieure à 3%.
Comment raccorder un conduit de fumée à l’appareil à bûches ou granulés ?
Le raccordement des conduits de fumées doit être réalisé avec une boîte à suies et un té de purge pour les éventuels condensats si l’appareil n’en possède pas (intégré à la chaudière ou au poêle). Dans le cas de chaudières basse température ou à condensation, vous devez prévoir un raccordement à l’égout pour l’évacuation des condensats. Certains fabricants intègrent dans l’appareil la boite à suie ou la récupération des condensats (chaudières à condensation ou appareils avec évacuation des fumées par le dessus).
Dimensionnement du conduit de fumées
Pour toute installation de conduit de fumées, un dimensionnement (calcul selon EN 13384) est obligatoire (selon DTU 24.1). Le but est de vérifier par le calcul que le conduit aura un tirage suffisant même à puissance réduite et qu’il ne produira pas une condensation permanente des fumées. La qualification RGE exige ce dimensionnement (rapport) pour chaque installation. Ce document est un point de contrôle lors des audits RGE.
Règles d’implantation des terminaux (sorties de toit)
Pour l’implantation des terminaux d’évacuations des fumées en toiture vous devez respecter certaines règles afin d’éviter un recyclage des fumées à l’intérieur de l’habitation par les ouvrants ou les entrées d’air de ventilation.
Mise en œuvre des conduits de fumées pour les appareils à bois
Quels conduits de fumée choisir ?
Lors d’un chantier, 2 solutions s’offrent à vous : réutiliser le conduit existant ou créer un nouveau conduit. Vous aurez ensuite à choisir entre 2 grandes familles de conduit de fumées :
- Les conduits de fumées classiques. Ils assurent uniquement l’évacuation des fumées. Il faut donc une entrée d’air à côté de l’appareil pour l’air comburant.
- Les conduits concentriques. Ces conduits permettent d’amener l’air comburant tout en évacuant les fumées. Ils peuvent être plus facilement utilisés en rénovation car ils permettent d’installer le débouché du conduit de fumée sur un mur ou en dessous du faitage. Ils sont plus coûteux. Ils doivent être mis en œuvre selon l’avis technique du fabricant et ils doivent être utilisés sur des appareils étanches.
Diagnostic d’un conduit existant
Pour réutiliser un ancien conduit, les règles de l’art imposent de réaliser au préalable un diagnostic (annexe C du DTU 24.1). Il est possible de tuber un conduit de fumées existant pour raccorder de nouveaux appareils. Cela permet en général de réduire le coût des matériaux et d’éviter un nouveau percement en façade ou en toiture. Il vous faut pour cela réaliser un diagnostic du conduit.
Avant toute chose, vous devez vous assurer que le conduit est correctement ramoné et débistré. Le diagnostic doit suivre les étapes suivantes :
Réalisation du relevé du conduit, Il s’agit de :
- Vérifier le type de conduit (boisseau terre cuite, conduit en briques, boisseaux en béton, conduits métalliques …).
- Mesurer la section intérieure du conduit, son épaisseur si possible et estimer ou mesurer sa hauteur totale.
- Vérifier l’absence de fissures sur le conduit pour vous assurer de sa stabilité.
Vérification de l’étanchéité et de la vacuité, il s’agit de :
- Vérifier que le conduit n’est pas obstrué et permet bien d’évacuer la fumée correctement.
- Vérifier qu’aucune fissure ne laisse rentrer des fumées dans le logement (pour un conduit intérieur) pour éviter l’intoxication.
Ces vérifications peuvent être réalisées avec le test du fumigène (conduit bouché en partie haute et basse) ou avec une inspection par caméra.
Réutilisation d’un ancien conduit
Si le conduit n’est pas réutilisable en l’état, ou pour améliorer l’installation, il vous faudra tuber ou créer un nouveau conduit.
D’une manière générale les anciens conduits sont rarement réutilisable en l’état car ils ne sont pas résistants aux condensats et sont donc sensibles au bistre (dépôt de suie qui réagit à l’humidité et qui est inflammable). La présence de bistre est l’une des principales causes de feux de cheminées.
Le tubage des anciens conduits est donc nécessaire pour rénover les anciens conduits en toute sécurité et permettre par la suite un ramonage aisé. Les anciens conduits doivent être ramonés et débistrés avant toute intervention.
Vous devez ensuite valider l’espace disponible dans l’ancien conduit.
Les conduits de fumées possèdent en général un diamètre intérieur minimum compris :
- Entre 80mm et 100mm pour les appareils à granulés,
- Entre 130 mm et 200 mm pour les appareils à bûches,
- Entre 150mm et 180 mm pour les chaudières bois (bûches et granulés).
Attention un simple tubage ne permet pas de réduire les distances de sécurité au feu. Il faut pour cela utiliser un tubage flexible isolé. Ce type de conduit permet aussi d’éviter la formation de condensation. Les appareils à granulés ayant des températures de fumées très faibles à allure réduite l’utilisation de tubage isolés évitent ce problème.
Afin de réduire les risques de feu de cheminées, il est aussi important de s’assurer de la bonne ventilation de l’espace entre le tubage et l’ancien conduit « l’espace annulaire » (voir schéma), avec une entrée d’air présente en bas de conduit.
Création d’un nouveau conduit
Si aucun conduit n’est réutilisable (voir partie diagnostic) alors il sera nécessaire d’en créer un, de préférence à partir de conduits concentriques isolés (système ventouse).
Les fabricants de conduits de fumées proposent des solutions adaptées aux différentes configurations et possèdent des avis techniques et DTA pour des conduits de fumées qui peuvent être posés en zones 2 et 3.
Les conduits concentriques sont avantageux car ils vous permettent une installation rapide. Ils améliorent aussi le tirage, et le rendement de l’appareil. Les conduits « ventouses » avec isolation sont à privilégier pour éviter la condensation et garantir le tirage thermique des fumées. Ce type de conduit peut être installé en extérieur (obligatoirement double peau isolé) ou en intérieur. Dans tous les cas, les spécifications du fabricant sont à respecter pour garantir la mise en œuvre du système.
L’installation d’un poêle bois ou d’une chaudière biomasse va de pair avec la pose d’un système d’évacuation des fumées conforme. Il doit garantir la sécurité des occupants et un bon fonctionnement de l’appareil. Les règles sont nombreuses et le niveau de complexité d’une installation peux devenir important. Le choix des éléments de fumisterie, le dimensionnement du conduit et du poêle n’est pas anodin pour une bonne marche de l’installation.
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