Transmission : Guillaume Vandroth, parcours d’un repreneur
La transmission de son entreprise à un tiers est un processus qui prend du temps et qui s’organise en amont. Témoignage de Guillaume Vandroth qui a repris l’entreprise de son père il y a 10 ans.
Découvrez le témoignage de Guillaume Vandroth qui a repris l’entreprise de son père il y a 10 ans. Trois générations se sont succédées dans cette entreprise de chauffage et sanitaire. Même si le parcours a été jalonné de difficultés, il n’a jamais regretté cette décision.
L’entreprise
Nom : Guillaume Vandroth
Âge : 39 ans
Société : Vandroth entreprise
Domaines d’activité : Chauffage et sanitaire
Chiffre d’affaires : 1,1 million d’euros cette année
Effectif : 11 Lieu : Beuvry.
Était-ce une évidence pour vous de succéder à la tête de l’entreprise de votre père ?
Au départ pas du tout. J’étais apprenti dans l’entreprise, puis je suis parti chez Viessmann. J’étais content du travail que je faisais là-bas. Mais en revenant dans l’entreprise, c’est rapidement devenu une évidence.
Comment s’est passée la transmission ?
La transmission de l’entreprise s’est faite en deux phases, assez naturellement. Une première phase où je travaillais pour mon père dans l’entreprise qu’il avait lui-même reprise en 1991. Quand mon grand-père a eu des soucis de santé et qu’il n’avait plus aucune activité dans l’entreprise, il nous a proposé de repasser devant un notaire et de remettre à plat les statuts. On en a profité pour me faire passer gérant de l’entreprise. On a partagé les parts entre mon père, ma sœur et moi, et mon père a continué à travailler dans l’entreprise en tant que salarié. Aujourd’hui, on va passer de SARL à SAS. Je vais racheter les parts de ma sœur et de mon père pour que je détienne 100% des parts et ainsi les protéger en tant qu’actionnaires s’il arrive quelque chose.
Qui est-ce qui vous a aidé dans les démarches administratives de la succession ?
C’est le comptable de l’entreprise qui nous a conseillé sur les statuts, les parts, ce qu’il fallait faire. Mon but était de rester gérant salarié comme pouvait l’être mon père. Pour garder le statut de SARL, ça nous obligeait à garder des parts où on n’est jamais majoritaire. On est ensuite allés chez un notaire pour les distributions de parts, et définir leur montant. C’est le notaire qui atteste du bon fonctionnement de la transmission.
Comment ça s’est passé avec les salariés ?
La passation avec les salariés s’est déroulée facilement parce que je les connaissais déjà. Mais ils ont parfois eu du mal à recevoir des ordres de deux personnes différentes. Dans une même journée, ils pouvaient recevoir des ordres contradictoires. Car mon père et moi n’avions pas forcément la même vision des urgences à prioriser. Le personnel a besoin de recevoir un ordre simple et clair d’une seule personne.
Quand vous avez repris les rênes de l’entreprise, comment avez-vous développé votre activité ?
On est passé de 3 salariés, il y a une bonne dizaine d’années à 11 personnes. Ça s’est fait sur la durée. Même si je désire développer mon entreprise, je ne le fais pas n’importe comment. Le but n’est pas d’aller faire 300 logements sociaux dans l’année. On continue de faire notre métier de départ, travailler chez la particuliers, pour les servir au mieux. C’est grâce à cette qualité de travail qu’on arrive à développer notre entreprise. Car la communication de l’entreprise se fait aussi par le bouche-à-oreilles.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Transmettre une entreprise familiale et parler d’argent au sein de sa famille n’est jamais simple. Ça a dû être compliqué pour mon père au moment où il a lui-même repris, autant que pour moi vis-à-vis de mon frère ou de ma soeur. Mon grand-père avait déjà dit à mon père à l’époque « C’est pas un cadeau ! » Et il avait raison. Ce n’est pas naturel de racheter des parts à l’un de ses parents.
Vous regrettez cette décision ?
Je ne regrette absolument pas ma décision. Je ne pourrais pas faire autre chose. J’ai toujours voulu faire ce métier, et malgré les difficultés rencontrées, le temps qui manque, je suis heureux de faire ce travail. Je suis au coeur de l’action. Et puis, la transmission de l’entreprise reste un héritage, dans tous les sens du terme. Être plombier de père en fils, c’est aussi la possibilité de garder un lien avec les clients de longue date. Par exemple, mon grand-père a réalisé tout le chauffage et le sanitaire pour un client qui a construit sa maison en 1961. Je connais ce monsieur depuis tout gamin ! Aujourd’hui, c’est toujours notre client. C’est ça aussi la transmission. Créer une histoire avec des clients et la prolonger dans le temps, le lien social qu’on développe, c’est ça qui me plaît !
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait transmettre son entreprise ?
Pour reprendre une entreprise, le plus important est d’y penser en amont. Il ne faut pas vendre à la dernière minute. Je m’étonne toujours de la langue de bois qu’il y a autour de la vente de son entreprise et de l’argent que ça engendre. Mais quitter brutalement son entreprise, en imposant une nouvelle gestion, c’est une mauvaise idée. Les salariés sont confrontés à une nouvelle direction, sans forcément savoir comment va se passer leur avenir. Je pense que le plus important est de garder une continuité dans la gestion de l’entreprise. Il faut aussi que le patron qui lègue son entreprise accepte de lâcher les rennes, et de laisser sa place à l’autre.
Les démarches pour transmettre son entreprise
Plusieurs moyens juridiques sont possibles pour transmettre son entreprise.
- On peut d’abord donner aux ayants droits, à un tiers ou aux salariés sous forme de donation ou de donation partage. Dans ce cas, la cession est alors gratuite. L’entreprise peut être attribuée à l’un des enfants, mais ce sera à lui d’indemniser ses frères et sœurs pour éviter toute lésion.
- Deuxième possibilité : vendre à titre onéreux. Soit par vente du fonds de commerce, soit par cession de titres de société. Cette vente comprend l’actif et le passif, c’est-à-dire le fonds de commerce, les créances et également la reprise des prêts en cours, des dettes sociales, fiscales, les contrats, etc. S’il existe un droit au bail – qui est un élément du fonds de commerce appartenant au locataire sortant –, il peut aussi être cédé.
- Enfin, il est possible d’organiser une location gérance. Ce n’est pas vraiment un mode de transmission mais plutôt une solution, généralement provisoire, pour préparer la cession de l’entreprise. Dans ce cas, le propriétaire concède à une personne, le locataire-gérant, le droit d’exploiter le fonds pour une durée déterminée en contrepartie d’une redevance.
Pour en savoir plus sur les étapes pour bien transmettre son entreprise, rendez-vous sur le site de CEDEO.